Toujours pas facile de se faire bien comprendre : j’avais demandé au vendeur le rayon disques, je tombai sur les mangas porno – pas de chance ! Pour m’assurer que je ne me trompais pas, et qu’il n’y avait pas derrière ces couvertures plastifiées quelques CDs de jazz (on ne sait jamais), par prudence en somme, j’en sortis un du rayonnage. A en voir la présentation, il racontait les fabuleuses aventures d’une jeune fille aux oreilles de Spok, à la poitrine non moins extra-terrestre, en prise avec tout un tas d’ustensiles qu’elle branchait en souriant dans certains recoins du corps vis-à-vis desquels les humains, en général, ressentent de la pudeur – mais qu’elle, avec un naturel courageux, exposait sans fard.
Persuadé que j’avais pourtant bien suivi la direction indiquée par le vendeur, je retournai quelques autres ouvrages, avant de me rendre à l’évidence : il y a trois sortes de femmes sur les couvertures des mangas porno. D’une part les adolescentes, fragiles et tremblantes – elles pleurent sous le regard d’un sale pervers qui bave de les déniaiser. D’autre part des créatures semi-fantastiques, un peu plus mûres, possédant oreilles pointues ou queue de cheval et affichant au contraire un air méchant et dominateur. Les femmes de ces deux catégories ont une poitrine énorme, indescriptible, un volume pour lequel il n’existe pas d’adjectif en français. Ce n’est pas le cas de celles du troisième genre : les moins de douze ans, représentées sexe à l’air avec le regard d’un bambin taquin, qui jouit de la gratuité de son jeune âge. Tu veux jouer avec moi ? semblent-elles dire. Tu veux jouer ?
Mal à l’aise, un peu effrayé, je me remis en quête du rayon CD.
想日本事記 / Chroniques du Japon Imaginaire 